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Le Carême, ses origines et ses coutumes

Histoire

La pratique du Carême remonte aux premiers siècles du christianisme. Au départ, on jeûnait quelques jours avant Pâques. La durée du Carême a ensuite été étendue à 40 jours au 7e siècle. À cette époque, il s’agissait de ne prendre qu’un seul repas par jour et de jeûner complètement les Vendredi et Samedi Saints. Ces prescriptions ont ensuite été assouplies avec un repas à midi et une collation en soirée. Ce ne sont pas quarante jours consécutifs car les dimanches ne sont pas pris en compte, le jeûne n’étant pas observé le dimanche puisque, même pendant le Carême, les fidèles sont invités à célébrer la Résurrection du Seigneur ce jour-là. Cependant, il leur est conseillé de manger avec modération.

Cette période se réfère notamment aux quarante années passées dans le désert par le peuple d’Israël entre son départ d’Égypte et son entrée en Terre promise. Le Carême se réfère également à un épisode biblique : les tentations du Christ. Selon les Évangiles, peu de temps après son baptême (vers l’âge de 30 ans), Jésus a passé quarante jours de jeûne dans le désert de Judée à l’est de Jérusalem. Là, le diable lui est alors apparu pour le tenter. Les textes de Matthieu et de Luc donnent plus de détails sur cet événement. Après cinq semaines de jeûne parmi les bêtes sauvages, Jésus-Christ reçoit la visite de Satan qui lui fait trois propositions. Tout d’abord, changer les pierres en pain pour apaiser sa faim ; deuxièmement, le tentateur a proposé à Jésus de démontrer sa nature divine en sautant du Temple de Jérusalem et les anges seraient venus à son secours. Enfin, au sommet d’une montagne, le diable propose à Jésus de lui offrir tous les royaumes du monde en échange de sa soumission. Dans les trois cas, Jésus refuse de succomber à la tentation.

Entre orthodoxes, protestants et musulmans

Bien que les apôtres de la Bible n’aient pas commémoré la mort de Jésus en se privant de nourriture, la pratique s’est rapidement installée parmi les premiers chrétiens. C’est au IVe siècle que les célébrations du Carême et de Pâques sont officialisées par l’Église (pas encore divisée entre catholiques, orthodoxes et protestants) : les dates et les rituels sont progressivement établis à la fin de l’Antiquité et au Moyen Âge. De nombreux croyants ont alors pratiqué la xérophagie (consommation de pain et de fruits secs) et se sont privés du repas du soir. Mais le jeûne est une pratique religieuse très ancienne qui ne concerne pas uniquement les chrétiens.

Elle est déjà mentionnée dans de nombreux passages de l’Ancien Testament ou dans certains enseignements bouddhistes et aujourd’hui elle concerne évidemment les musulmans pendant le Ramadan, mais aussi les Juifs pendant le Yom Kippour. Depuis la Renaissance, le schisme protestant, suivi de la relative sécularisation de la société occidentale et du relâchement des instructions données aux chrétiens, a diversifié les pratiques. Chez les catholiques, le jeûne peut être remplacé ou complété par de bonnes actions ou des prières. Les protestants, en revanche, voient dans cette période un temps de réflexion où il faut se tourner vers le Christ, sans recommander des pénitences alimentaires. Chez les orthodoxes, cependant, le jeûne reste un élément important de ce qu’on appelle le Grand Carême. Sa pratique doit être encadrée et définie avec son père spirituel, généralement un confesseur.

Piliers du Carême

Quant aux piliers du Carême, l’Évangile du mercredi des Cendres et la première lecture (Livre de Joël) nous donnent les lignes directrices pour mieux vivre le Carême. Nous voulons juste partager avec vous celui du jeûne.

Pendant le Carême, les fidèles doivent jeûner le mercredi des Cendres et le Vendredi Saint (le vendredi avant le dimanche de Pâques). Ils doivent également suivre le précepte de l’abstinence tous les vendredis, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas autorisés à manger de viande ce jour-là. Le poisson devient ainsi le plat du vendredi par excellence.

Notez que pour tous les catholiques âgés de 18 à 60 ans en bonne santé, le jeûne est obligatoire. Exception pour les personnes malades, les enfants et les femmes enceintes.

Le P. Gilbert a élaboré dix conseils à appliquer pendant le Carême, dix façons de marcher avec un cœur léger :

  1. Le Notre Père est récité chaque matin et le Je vous salue Marie chaque soir.
  2. Trouvez une petite phrase de l’Évangile à méditer tout au long de la semaine.
  3. Chaque fois que vous achetez quelque chose dont vous n’avez pas besoin pour vivre, donnez quelque chose à un pauvre.
  4. Faites une bonne action pour quelqu’un tous les jours avant qu’il ne vous le demande.
  5. Lorsqu’une personne vous dit quelque chose de désagréable, ne pensez pas à lui rendre la pareille. Cela ne rétablit pas l’équilibre. En effet, vous tombez dans le piège. Alors taisez-vous un instant.
  6. Si vous zappez depuis 15 minutes, éteignez le téléviseur et prenez un livre. Ou parlez à ceux qui vous entourent.
  7. Pendant le Carême, quittez toujours la table un peu affamé.
  8. Pardonnez !
  9. Si vous avez promis d’appeler quelqu’un, de lui rendre visite, faites-le maintenant, prenez le temps de le faire pendant le Carême.
  10. Ne vous laissez pas séduire par les publicités affichant des réductions. Vous possédez déjà trop.

À la fin du Carême, il y a un troisième moment clé : la Semaine Sainte, qui commémore la Passion du Christ. Elle commence une semaine avant Pâques, le dimanche des Rameaux. En ce jour, dans le rite catholique, les fidèles portent des branches bénies durant la messe. Cette cérémonie est un hommage à l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem : selon la Bible, les foules l’ont salué en recouvrant son chemin d’un tapis de vêtements et de palmiers.

Le P. Blaise Pascal est prêtre étudiant et fait partie de la communauté des prêtres étudiants du Collège pontifical international Maria Mater Ecclesiae à Rome. Il suit actuellement un master 2 en sociologie à l’Université pontificale grégorienne.

Le Collège pontifical international Maria Mater Ecclesiae est un séminaire international pour des séminaristes diocésains envoyés par leurs évêques. L’objectif principal du Collège pontifical est d’aider à la préparation de futurs formateurs. Il a été créé par la congrégation des Légionnaires du Christ en réponse à l’intérêt du saint pape Jean-Paul II pour la formation des prêtres.